SACHE au temps de SACCHAIUM et même avant !

 

Les premiers occupants de la vallée de l'Indre dans les environs de Saché sont attestés dès cinq à six mille ans avant notre ère. Des outils en silex taillés ont été retrouvés sur les bords de la rivière aux Aulnays, à Bécheron et à la Sablonnière.

Cette occupation se poursuivit à l'époque de la pierre polie et ensuite à l'age de bronze. Un vase de cette époque fut retrouvé dans la sablière des Aulnays. Cette découverte pourrait indiquer que les fours des "Platreaux" existants au siècle dernier seraient les successeurs de ceux de l'age de Bronze?....

Le bourg de Saché naît à l'époque des Gaulois au VIe siècle avant JC ; au cours de cette période nos ancêtres habitent de simples huttes de pierres sous un toit de chaume. Ils agrandissent les zones cultivées à proximité de la rivière et notre vallée se "civilise" peu à peu.

Mais voici que retentissent le pas des légions romaines. Leur présence va durer 5 siècles de 55 avant JC jusqu'à la chute de l'empire romain aux environs de 450 après JC. L'occupation de la Touraine est de notoriété publique et nous ne nous y attarderons pas. La prospérité régna pendant la domination romaine, les somptueuses "villae" qu'ils construisaient à proximité des grands centres comme "Caesarodunum" sont bizarrement absentes dans la vallée ou du moins leurs vestiges ne sont-ils pas parvenus jusqu'à nous. Une exception cependant pour un "tronçon d'aqueduc long de 32 m, large de 3,60m, se présentant sous la forme d'un canal arrondi aux deux extrémités et entièrement revêtu d'un béton épais de 0,10m, appliqué sur un mur en petit appareil" qui subsistait près de la ferme des Plâtreaux et qui a complètement disparu aujourd'hui (Bulletin de la Société Archéologique de Touraine de1888).

A la mort de Clovis et pendant 250 ans se succédèrent des guerres fratricides au cours desquelles chaque lignée de successeurs du grand roi voulait s'imposer aux autres. Chilpéric traversa la Touraine "accompagné de plus de quatre mille personnes. Ils dépouillaient les cabanes des pauvres, dévastaient les vignes, emportaient les troupeaux......." nul doute que les "sachéens" de l'époque ont du payer un lourd tribut à cette troupe en campagne.

C'est sans doute pour se protéger de ces razzias qu'ils creusèrent les coteaux de l'Indre pour y installer des souterrains refuges, successions de couloirs tortueux, semés de pièges, chausse-trappes. Ils peuvent être très simples comme celui de "la croix percée" (à la limite de Cheillé) ou d'une complexité extrême comme à "Château - Robin" en bordure de la commune de Pont de Ruan.

Sans doute, ces souterrains furent-ils encore bien utiles lors d'une invasion qui au lieu de venir du nord, cette fois vint du sud. La cavalerie maure conduite par Abd del Rhaman, en cette année 732 remontait par la voie antique après avoir pillé Bordeaux, Saintes et Poitiers. Elle se rue sur Tours pour s'emparer du trésor de la Basilique Saint Martin de Tours.

En l'an Mil, la Touraine verra s'affronter les grands feudataires que sont Foulque Nerra et Eudes de Blois Les avancées et les retraites de chacun des antagonistes seront l'occasion de construire des châteaux forts (Langeais et Montbazon), pour protéger la province. Le premier château de Saché, simple tour de bois abritée par un ravin en première défense protégeait les habitants du village, mais également des fermes fortifiées comme celle du Boulay servait pour abriter la population des massacres et les récoltes de la rapine.

En 1117, Saché formait une châtellenie, relevant de l'Ile Bouchard dont le seigneur Peloquin de l'Ile donna au religieuses de Fontevraud une partie du moulin de Saché, le droit de mouture dans la paroisse, deux sols de cens et deux arpents de pré.

 

De "Eclesia de Sacheio" à "Saiché"

 

En 1250, la terre de Saché appartient à un dénommé Guillaume. Du XIIIe siècle au XVe on ne trouve trace des seigneurs de Saché. Les paysans de la vallée durent sans doute s'effrayer de la marche du Prince Noir au début de la guerre de Cent Ans, mais à l'époque, cela pouvait être considéré comme une péripétie. "En ces temps les hommes ne naissent pendant des générations que pour être les témoins de toutes les calamités..........." (Dom Carlier).

D'autant plus que lors de sa retraite il évita la voie romaine qui devait le ramener en Guyenne.

La Guerre s'éloignera vers la Normandie avec l'épopée de Jeanne d'Arc. Cette paix retrouvée, les survivants se remettent au travail. Il faut redéfricher les terres que les taillis avait envahies, les labourer, les ensemencer. Les chaumières sont reconstruites, les châteaux relevés et les bourgs rénovés. Sans doute la vieille auberge de Saché date-t-elle de cette époque de résurrection.

En 1457, Nicolas SAVARY était propriétaire de Saché. En 1505, il eut pour successeur Christophe SAVARY. A cette époque, l'église qui avait presque trois siècles d'existence fut profondément remaniée et présenta dès lors son apparence actuelle.

En 1525, François SAVARY alors châtelain de Saché, seigneur de Pont de Ruan rend hommage à son suzerain le comte de Sainte Maure auquel il doit :" quinze jours de garde chacun un an, une paire d'éperons garnis de velours noir et un épervier muni de longes de soie à sonnettes d'argent."

René SAVARY fils du précédent ne réside pas au Château de Saché, mais à la Chevrière ; c'est son gendre, François Lepoulchre de la Motte-Messémé qui habite le château de Saché.

Il passa dans la famille de Rouxelley à la fin du seizième siècle. René de Rouxelley transforme cette demeure fortifiée en un manoir de plaisance. Ne subsiste de l'époque féodale qu'une tour d'enceinte, la vis de l'escalier et les douves de la façade nord.

Les paysans eux aussi profitent de cette "renaissance" ; ils abandonnent leurs huttes informes et construisent de véritables maisons à pignon en pierres, couvertes de chaumes. Cependant le sol reste de terre battue, les vitres sont absentes des fenêtres. Les guerres se sont transportées en Italie et les habitants des campagnes ne ressentent plus la peur de manquer qu'avaient connue leurs prédécesseurs.

Une certaine aisance, une plus grande sécurité annonce le début de la douceur de vivre qui fit la renommée de la Touraine.

Les registres paroissiaux, tenus par les curés à peine moins ignorants que leurs ouailles, constituent les premières chroniques villageoises.

A Saché, les plus anciens remontent à 1552, ils sont utilisés pour recenser l'état civil, mais également ils sont annotés des évènements significatifs de la paroisse.

"31 décembre 1564, l'eau bénite estant dans les fons gelée d'un doigt d'épaisseur, grand hyver"

En 1608, un acte de baptême peu courant:
"Le vendredy, vingt cinquième jour de mars, fut baptisée Marguerite, fille de René de Rouxellé, Chevalier de l'Ordre du Roy, gentilhomme ordinaire de sa Chambre, comte de Roche-Millet, seigneur et baron de Saché et Pont de Ruan et de Haute et puissante Dame Madame Marguerite de Montmorency......"Vitrail  de l'église - Marguerite de Rouxelley recoit ses vêtements denonne.

Outre le côté informatif sur les titres et distinctions du seigneur de Saché et de son épouse, l'emphase du titre de "baron de Saché" qui ne fut jamais confirmé par des lettres patentes, cet écrit marque le début d'un destin qui apparut hors du commun.

L'enfant nouvelle née eut une vie très courte, puisqu'elle décédait à moins de vingt ans le 17 janvier 1628; mais dès qu'elle eut l'âge de raison, elle manifesta une telle piété et sut faire preuve de tant de générosité envers son entourage, qu'elle a laissé dans le pays une réputation de sainte et qu'elle est encore connue et vénérée sous le nom de "Bienheureuse de Saché"

Une stèle funéraire dans l'église témoigne de la ferveur des populations et un tableau au château représente la jeune fille recevant de la Sainte Famille les vêtements de Carmélite qu'elle appela de ses voeux dans sa courte existence.

En 1660, il fut décidé qu'une année sur deux une partie de la commune serait rattachée à celle de Pont de Ruan afin de procurer à son officiant des subsides substanciels; cette dernière commune étant notablement plus petite que sa voisine.

René II de Rouxelley , époux de Henriette Antoinette de Quatrebarbes décède en son chateau de Saché en 1692. Quelques années plus tard, c'est René-Joseph de Rouxelley marié à Marie Elisabeth Morin qui y succombe en 1697.
Le dernier seigneur de Saché de la lignée des Rouxelley fut Henri Anne René qui vécut entre 1705 et 1732.

En 1751, une tempète digne de l'Apocalypse, s'abattit sur notre village; le curé Vacher raconte ainsi cette catastophe:

"Dans la nuit du 14 au 15 Mars, il s'éleva un vent si impétueux et si véhément qu'il renversa plusieurs granges et maisons et un nombre infini de cheminées, arracha des ormeaux d'un siècle, des arbres de toutes espèces........

Notre clocher surtout, qui était en ruines, s'écroula sur le choeur avec tant de fracas, que les voûtes en furent ébranlées. Le sanctuaire fut moins endommagé, mais la couverure du Choeur et de la nef fut réduite en poussière et toute la charpente brisée........"

La rivière aussi causait de grands dommages lorsqu'elle quittait son lit, ainsi en 1770:

"La nuit du 26 au 27 novembre, la rivière de l'indre a cru en six heures de temps de plus de dix pieds, et en six heures de plus encore de cinq pieds, ce qui fait pour cette nuit plus de quinze pieds (3 mètres)........ Elle a emporté tous les ponts qui étaient sur cette rivère, renversé quantité de maisons, elle est entrée dans l'église d'Azay. Elle a noyé des hommes , femmes,enfants et bestiaux......... les uns se sauvaient qui au faîte des maisons , qui à la cime des arbres......."

Entre temps, Jacques Marie de Villiers, qui était devenu propriètaire de Saché en 1747, l'avait revendu à Pierre René Péan, chevalier, seigneur de Livaudière, qui décèdera à Saint Domingue le 27 août 1767.

A l'aube de la révolution, le domaine de Saché appartenait à Jean Butet, soit disant écuyer qui le tenait de Françoise- Elisabeth Briochet, veuve de Pierre Péan contre la remise d'une somme de 330 000 livres.

 

Saché de la Révolution à l'aube du troisième millénaire

 

Pendant la période trouble de la révolution, la gestion de l'état civil par les élus communaux nous prive de notre chroniqueur que fut le curé Verdon et par là même de ses chroniques.

Le premier maire de Saché fut élu en 1801, il s'agit de François Joseph Le Breton de Vonnes apparenté au propriétaire du Chateau de Vonnes sur le commune de Pont de Ruan. Il fut réelu en 1807 et en 1812. Il eut pour successeur Barthélemy Foucher de 1830 à 1837.

C'est à cette époque que la route départementale 17 qui relie Azay le Rideau à Loches par Saché, Pont de Ruan, Artannes, Montbazon fut construite. Cette construction décida de l'abandon de la voie romaine, qui avait donc servi pendant 14 siècle.

C'est également à cette époque que commencent les visites de Balzac à Saché. Et aujourd'hui encore , on peut, pas à pas, le livre à la main retrouver le théatre des amours de Mme de Mortsauf et de Félix de Vandenesse.

En 1871, un curieux fait divers vient troubler la douce quiétude de notre village. Le 3 juillet sont organisées des éléctions en vue de remplacer le député Bacot démissionnaire. Monsieur Hippolyte de Vonnes se rend à la mairie pour ouvrir les opérations de vote. Il traverse la place, quand un coup de feu déchire le silence, le magistrat communal s'écroule frappé mortellement d'une balle tirée de la maison d'en face.

Les conseillers municipaux se portent à son secours ainsi que le curé Lucas muni des derniers sacrements. Un second coup de feu claque et monsieur Lucas s'écroule à son tour raide mort.

Dans le bourg, c'est la stupeur et l'effroi, les gens se barricadent dans leur demeure en attendant les forces de l'ordre. Lorsque celles ci arrivent pour se saisir du meurtrier présumé, un troisième coup de feu se fait entendre; l'assassin vient de se faire justice.

Ce double crime, qui a jeté l'émoi dans le village était le fait d'un éxalté, il eut un grand retentissement dans tous le pays. De partout, les populations se déplacèrent pour assister aux funérailles des deux victimes. Elles furent inhumées côte à côte au chevet de l'église sous une croix destinée à célébrer leur mémoire.

Et c'est ainsi que le petit village de Saché, entrant dans le vingtième siècle connu la énième inondation de son histoire en 1910, la Grande Guerre à laquelle il sacrifia 26 de ses enfants sur une population de 264 habitants, les horreurs de l'occupation, le 18 juin 1940, les douleurs de la résistance en Mars 1943 et en fin la joie de la libération le 1er Septembre 1944.